jeudi 26 juin 2008

ÉMISSION DU 27 juin 2008


1° SCARLATTI K 220 SCOTT ROSS
Allegro en la majeur
Quelle variété ! L’armature de cette sonate est modifiée 20 fois


Nous placerons cette émission sous le signe de MICHEL LEIRIS

MUSIQUE : (son musc exquis.)
Glossaire j’y serre mes gloses 1939
Ses textes seront dits au festival de Brioux par le Théâtre de la Planchette Les 27, 28, 29 juin § 1 Juillet

Le dimanche 29 juin à 11h l’excellent Francis Marmande donnera une conférence sur cet écrivain essentiel du XX siècle.

Pour les autres détails du programme de cette très inventive manifestation reportez vous au dépliants ou consultez le site :
http : /festival au village.free.fr

Dans la constitution de l’imaginaire de Leiris l’opéra a joué un rôle déterminant on peut s’en rendre compte en lisant le chef d’œuvre qu’est L’âge d’homme
Toute son œuvre est irriguée par le souvenir des grandes héroïnes du répertoire élevées au rang de mythe.
Il conservait pieusement les programmes des représentations multiples auxquelles il avait assisté et parmi les manuscrits laissés inédits figurait un ouvrage « Operratiques » consacré à l’opéra les grandes œuvres du repertoire mais aussi des compositeurs plus négligés il regrette déjà le côté
agaçant des festivals qui donnent peu d’œuvres nouvelles …Tout est lié au développement du tourisme …

En novembre 1952 il découvrit L’Orfeo de Monteverdi :
« Lors de l’exposition du corps de Paul Eluard la veille de ses obsèques à la veille de ses obsèques, un tourne disque passa des fragments de l’Orfeo œuvre qu’Éluard aimait beaucoup ….
Jusque-là je crois bien que je n’avais jamais rien entendu de Monteverdi. »
En 1959 à Venise Léiris suivit tout un festival Monteverdi..

MONTEVERDI Orfeo Acte 3 Possente spirito / Orfeo son io acte 5 final
ENSEMBLE ELYMA Dir GABRIEL GARRIDO Victo torres dans le rôle d’Orfeo
Un bel enregistrement de 1996que Léiris n’a pu connaître.

OFFENBACH Les contes d’Hoffmann PATRICIA PETIBON


5 mars 1978 ( journal 1922 -1989 de Leiris)
« Thème de la femme automate *. la statue qui s’anime(Galathée, puis la Venus d’Ille ; La femme fabriquée par industrie ( Olympia chez Hoffmann, puis l’Eve future de Villiers de l’Isle Adam…
*Tout ceci inspiré par la diffusion à la télévision française ( chaîne 2 le samedi 4)d’une représentation des Contes d’Hoffmann à l’Opéra de Paris dans une mise en scène de Patrice Chéreau. Plus qu’il ne se devait, peut-être, je fus ému par cette œuvre que je n’avais pas entendue depuis mon adolescence (et à laquelle tout jeune, j’ai probablement adhéré, non à cause de la femme automate, mais à cause du poète malheureux, comme si j’avais toujours eu le sentiment que le poète est l’homme de l’échec et que c’est là que se fonde sa grandeur et sa misère. »
Ceci est l’occasion pour moi d’évoquer la mémoire de mon ami Bertrand Rat qui avait organisé sur mon insistance, à Ardin, un grandiose visionnage de cette soirée. Il a été victime d’un terrible accident le l8 juin 1998.
Nous reviendrons dans une autre émission sur les rapports de Leiris et de la musique.
Illustration Leiris par Francis Bacon

vendredi 20 juin 2008

ÉMISSION DU 20 juin 2008


1° SCARLATTI K 219 SCOTT ROSS
Andante en la majeur mais on y mélange allègrement les tonalités.
La torpeur hivernale m’a saisi, ce qui la veille de l’été est rare alors comme on a parfois envie d’une bonne choucroute, j’ai eu envie de musiques puissamment roboratives:
2°) VERDI La forza del destino RICARDO CHAILLY / ORCHESTRE DU CONCERTGEBOUW
un enregistrement du 20 juin 1986, que nous devons à l’obligeance de nos amis de radio Nederland.

3°) MESSIAËN Regard de l’onction terrible CATHERINE COLLARD

Un des 20 regards de l’enfant Jésus,
2008, année du centenaire presque discret de la naissance du compositeur mort en 1992, l’enregistrement proposé ici est un disque INA Mémoire vive, excellente collection dirigée par Renaut Machart consacré aux enregistrements de jeunesse de Catherine Collard que nous avons souvent entendue à Melle grâce à la fidèle perspicacité de Patrick Chatelin.

4°) CAPTAIN TOBIAS HUME Hark hark JORDI SAVALL


Lors d’un entretien donné à l’occasion de la sortie de son livre Les mal – Aimants, Christophe Deshoulières a fait jouer ce morceau flamboyant que j’ai redécouvert à cette occasion.


5 °) HEUBERGER im chambre séparée ELISABETH SCHWARZKOPF


Un peu de douceur viennoise dans ce monde de brutes foutbalouses*
* Gaston Chaissac parlait de la calotte vinassouse et foutbalouse
Sorolla : Femme rose, ce peintre avait recueilli vos suffrages , alors..

jeudi 12 juin 2008

ÉMISSION DU 13 JUIN 2008


1° SCARLATTI K 218 SCOTT ROSS
Vivo en la mineur
Un perpetuum mobile particulièrement volubile 2.57


Cette programmation se veut un hommage très largement anthume, nous l’espérons, souriant, à Renaud Machart, critique musical.

2°) BACH Cantate Bwv 158 « der Friede sei mit dir LA CHAPELLE ROYALE PH. HERREWEGHE.

Renaud Machart appartenait à ce chœur, avec Joël Suhubiette il était un des seuls français membre à part entière du Collegium Vocale de Gand
Peter Kooy est dans cette cantate exceptionnel on remarquera aussi la prestation de Monica Huggett au violon et de Willem Janssen au continuo.

3°) L.BERNSTEIN I hate music BARBARA BONNEY /MALCOM MARTINEAU

R. Machart est en France un des grands défenseurs de la musique américaine .
Il est l’auteur entre autres d’un ouvrage sur Bernstein (Actes Sud)
Un livre très bien documenté et ce qui ne gâche rien, fort alerte.
C’est le lendemain du récital où il accompagna Jennie Tourel dans ces mélodies
enfantines, le 14 novembre 1943, que Lenny démarra sa grande carrière de chef.
Il remplaça d’une manière éblouissante Bruno Walter, malade, à la tête du New York Philarmonic.
Renaud adore Blossom Deary , moi, dans le même genre je lui préfère Rose Murphy et c’est mon émission !
4)°) ROSE MURPHY Busy line

ILLUSTRATION André Kertesz la disparition Newyork 1972
Une oeuvre étrangement prémonitoire


lundi 9 juin 2008

VIVE LA CRITIQUE

À propos d'une remise en cause insidieuse de la liberté de la presse.

Le samedi 7 juin, sur les ondes de notre consoeur France Musique dans l’émission de Benoit Duteurtre Étonnez moi Benoit, Renaud Machart , le critique musical du Monde, a été victime d’une agression extrême violence de la part de Jérôme Deschamps à propos de sa critique sur Porgy and Bess donné à l’Opéra Comique qu’il dirige. (le Monde daté du 6 / 6)
On peut n’y voir qu’un de ces petits moments chauds, une de ces tempêtes dans un verre d’eau qui font le petit sel d’une vie intellectuelle et parisienne bien fade, mais on peut aussi analyser ce fait comme révélateur ou symptomatique d’un état d’esprit terriblement inquiétant.

Sur un plan personnel cet incident a le mérite de faire tomber le masque de Jérôme Deschamps; si certains avaient déjà remarqué le mépris sournois des « petits, modestes, ou gens de peu » dont témoignaient, sous un air faussement empathique, les Deschiens, le registre linguistique lourdement scatologique, le jeu de mot sur le patronyme ont des relents extrémistes de droite qui ne trompent pas.
Il est intéressant de voir comment les grands cumulards, féodaux culturels défendent leur pouvoir souvent népotique et tentaculaire. Habitués de la brosse à reluire télévisuelle, des émissions où leurs hôtes sont souvent des obligés,* ils ne souffrent pas de voir leurs choix remis en cause.
Ils se servent de leurs salles pleines pour montrer l’inanité de la critique et paradoxalement, la rendent coupable de leurs insuccès.
Dans ces temps de grandes difficultés que connaît la presse ces attaques ne sont pas innocentes : le signal donné est clair : « À quoi bon vous encombrer de critiques ? Contentez-vous de répercuter le dossier de presse concocté par nos services de communication, nos attachées de presse et qui sait ? Si vous êtes bien sage on vous invitera… On vous achètera de l’espace.»
Ceux qui pleurnichent tous les jours sur le déclin de la presse feraient bien de s’interroger sur l’incidence de la disparition ou de la faiblesse du nombre de signes accordés à la critique.
Les lecteurs potentiels n’ont plus, quand ils ont assisté à un spectacle vivant, le réflexe de se reporter au journal pour confronter leur impression et celle d’une « signature »
Il suffit d’avoir vu dans un festival, un lendemain de concert, les mélomanes se précipiter sur l’article de Renaud Machart ou d' Alain Lompech, pour comprendre à quel point leur sévère exigence est précieuse pour la vie musicale.
Dans nos provinces les stratégies d’intimidation ont abouti. : Paresse intellectuelle, pauvreté obligent ; il arrive fréquemment que l’on demande aux organisateurs eux-mêmes de faire l’annonce et la critique..
Ainsi, on a la certitude de voir la prestation d’un gratteur de boyaux local traitée plus laudativement que celle d’un soliste internationalement reconnu. .Dans un autre domaine l’exposition d’un artiste vicinal, peintre du dimanche recueillera plus de louanges que l’accrochage d’un Chaissac ou d’un Bram van de Velde.
La confusion entre pratique professionnelle et amateur est complaisamment entretenue.
Ce nappage de confiture consensuelle n’est pas sans conséquence, il crée un cocon douillet à la médiocrité et propice à la préservation de prés carrés juteux.
Sur les ondes de cette radio, dans cette émission, nous continuerons à prendre le risque souverain de déplaire.

Nous assurons l’ami Renaud Machart de notre profonde estime et de notre soutien dans sa pratique d’un journalisme libre.

*Il faut y voir, peut-être, la source de la molle confraternité dont a fait preuve B.Duteurtre