samedi 6 juin 2009

ADDITIF ÉMISSION DU 5 JUIN 2009

JOURNAL D'UN MÉLOMANE EXTRAIT
Mercredi et Jeudi les amis de St Savinien accueillaient deux musiciens éblouissants Plamena Mangova et Christophe Coin.. Deux artistes apparemment différents mais pourtant semblables dans la maîtrise absolue de leur instrument, une virtuosité sans ostentation qui semble aller de soi et ne guette aucune reconnaissance et le refus de tout effet larmoyant ou démonstratif cher à nos artistes médiatisés.
Les deux ont su créer dans le public une incroyable ferveur silencieuse.

PHÉNOMÉNALE PLAMENA

Le 3 juin, à 21h, une poignée de mélomanes - mais tout de même le double que pour écouter Anne Queffélec - était réunie à la salle des fêtes de Melle rebaptisée Salle Jacques Prévert
pour découvrir la jeune pianiste bulgare Plamena Mangova.
Le charme un peu enfantin d'un Botero, la démarche est un peu gauche, mais assise à son clavier c'est une impératrice!
Du programme initialement annoncé, il ne restait que les deux œuvres de Chopin et la sonate n°9 de Scriabine.
Celui qui nous était proposé était particulièrement intelligent, il aurait pu s'intituler Célébrations
Célébration ironique de Salieri par Beethoven Célébration de Beethoven par Schubert de Schubert par Liszt de Chopin par Scriabine et Chostakovictch.
Du jeu de Plamena Mangova on ne saurait mieux dire que la reine de la critique belge Martine Dumont-Mergeay: « Plamena est capable de faire chanter le clavier mais c'est aussi les percussions, les couleurs, la dynamique infinie, l'éclat... on savoure le lyrisme, la véhémence, la fluidité... ».
Dans Beethoven et Schubert elle a su préserver les subtils échos de Mozart ou de Haydn dissimulés dans la partition
Des transcriptions du Voyage d'hiver par Liszt elle a joué les plus orageusement dramatiques
En deuxième partie après La ballade N°I Op. 23 et et le nocturne Op.62 de Chopin dépouillés de la dégoulinante sentimentalité dont on les nappe parfois, la sonate dite messe des morts de Scriabine.
Elle termina par six des 24 préludes que Chostakovitch* écrivit en hommage à ceux Chopin.
*Vous pouvez les retrouver dans un très beau disque publié chez Fuga Libera.

LE MAÎTRE

Le 4 juin 1970 commençait l'histoire des amis de St Savinien avec un concert donné dans l' église alors délabrée par Paul Tortelier et sa famille.*
Paul Tortelier était alors une gloire mondiale du violoncelle, un artiste dont la célébrité dépassait largement le cercle des mélomanes, une vedette de la télévision anglaise et du Grand Échiquier.
Pour fêter ces 40 ans de musique il était donc logique de faire appel à un violoncelliste
Le choix de Christophe Coin, habitué du festival, il y avait donné l'intégrale des suites de Bach en l'an 2000, il était venu en 1997 avec son quatuor Mosaïques, était naturel quoique paradoxal puisque élève d'André Navarra dont les querelles avec Tortelier faisaient trembler les murs de la rue de Madrid alors siège du CNSM.
Alors que le moindre de ses élèves se croît habilité à le faire, Christophe Coin refuse de graver les suites, pourtant tous les praticiens vous le diront sa vision comme sa réalisation s'imposent à tous.
Ce jeudi les suites 1,3 &5
Sans affèterie, avec une humilité scrupuleusement respectueuse de la lettre comme de l'esprit il fait surgir des sonorités complexes, des polyphonies inouïes, sans raclement désagréable sans perdre l'idée de la danse.
Sa cinquième suite a suspendu la respiration de de toute la nef .
À la fin du concert l'équipe actuelle conduite par le président Marc Thouroude a rendu un hommage mérité à celle qui fut l'exemplaire trésorière de l'association Denise Gardrat et au président fondateur Patrick Chatelin.
Christophe Coin a mêlé fort respectueusement la deuxième suite de Bach et une belle paraphrase, composition de Paul Tortelier.
Pour celles et ceux que cette histoire intéresse la radio consacrera une série d'émission au festival
deux longs entretiens avec Patrick Chatelin mais aussi une conférence de Paul Tortelier .
En attendant vous pouvez consulter le très beau site du festival.
Les vibrations d'un haut parleur, même perfectionné, n'apporteront jamais l'émotion d'un concert.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

j'étais à ces 2 concerts exceptionnels, frappée par l'audace de la programmation pour ces 2 concerts qui méritaient un public disponible en fin de semaine.
Seuls les heureux bénéficiaires de ces moments rares auront éprouvé le frisson, la réflexion, la merveilleuse sensation de percevoir un instant (des instants) hors du temps, public en apesanteur, silence total, sans aucun toussotement.......
Et se nourrir de tout ce qui nous manque aujourd'hui et que seul l'art peut nous donner:le vertige, la solitude partagée et la joie.
Moments inoubliables d'émotion et de vérité. Que le divin programmateur de ces 2 exceptionnels concerts soit ici remercié, tant il est rare de mener une direction culturelle courageuse. Vous avez, cher Jacques Polvorinos embrasé nos espoirs. Merci de vos encouragements et relations.

Anonyme a dit…

Le toussotement pendant le concert est très poitevin...

Anonyme a dit…

Copier...Coller !!!

Monsieur Polvorinos, vous nous aviez caché que vous étiez journaliste à la Nouvelle République ( cf compte-rendu du festival St Savinien publié dans la NR du samedi 13 juin )!
Félicitations !
à moins que la justesse de vos analyses musicales ne fasse des émules et suscite la copie !