vendredi 7 juin 2013

JOURNAL D'UN FESTIVALIER
: Extraits
Mercredi 27 mai
HILLIARD ENSEMBLE

Leur premier concert en France avait eu lieu en 1979 dans cette nef.
Paul Tortelier les avait recommandés au président d'alors, son ami Patrick Chatelin qui eut le bon goût de les inviter en 1979 puis en 1982.
Il en restait 2 qui avaient fait le premier voyage. En ces temps là leur répertoire portait uniquement sur le domaine médiéval et anglais avec une prédilection toute particulière pour le temps des Tudor.
Depuis ils ont acquis une célébrité mondiale, leur collaboration avec le compositeur estonien Arvö Pärt, le saxophoniste norvégien Jan Garbarek connurent un succès bien au-delà du petit marché du classique.
Le programme subtil intitulé Arkhangelos donné ce soir là devant une public nombreux et attentif , mêlait savamment médiéval et contemporain ,tradition occidentale et arménienne.
L'acoustique était parfaite pour cette musique aux harmoniques parfois étranges. De plus amples explications dans le programme eussent été bienvenues.

Jeudi 23 mai

LONDON HAYDN QUARTET

Ce quatuor est talentueux et sérieux.
Mais les œuvres de Haydn choisies, Quatuor Op 64 N°1 et le N°4 de l'opus 50 m'ont paru un peu ennuyeuses.
Comme la plupart des musiques anciennes, hors celles destinées à une cérémonie, ce sont des compositions plus faites pour le plaisir des instrumentistes que celui des auditeurs.
Cela a permis d'admirer l'art de la bouquetière attitrée de Saint-Savinien, madame Christiane Texier, alors que le temps inclément avait réduit le choix dans les jardins, elle réussit des compositions particulièrement élégantes. La robe très anglaise de Catherine Manson premier violon du quatuor appelait, elle, des commentaires plus amusés que louangeurs.
Eux, si policés, trouvèrent la sauvagerie nécessaire pour aborder le quatuor N°16 en fa majeur de Beethoven .
Je ne sais si les membres du London Haydn Quartet ont lu l'abondante glose autour de ce quatuor, leur lecture en respecta toutes les tempêtes et tous les apaisements.
Mais pourquoi donc le public souhaite-il que l'on ajoute un bis, qui, forcément, nous arrachera à l'enchantement.
Vendredi 24 mai
ENSEMBLE VOCAL DE L'ABBAYE AUX DAMES
Ce chœur de Saintes a longtemps rassemblé sous la conduite de Michel Laplénie les meilleurs chanteurs amateurs de la région. Ce temps semble révolu.
À la grande surprise et au désappointement d'une partie du public et de l'organisateur, c'était l'ensemble Mensa Sonora qui assurait la partie orchestrale; le même concert fut donné sous cette bannière dans un bourg voisin peu de jours après. De telles pratiques sont à la hauteur du talent déployé lors de cette soirée, très petites.
Pour éviter aux mélomanes de tels déboires, les organisateurs feraient bien d'isoler dans le programme ce qui relève de la pratique amateur, ainsi cela éviterait à ceux qui ne se font pas l'obligation de se faire écorcher les oreilles par une belle-sœur ou un neveu, confrontés à des compositions qui dépassent leurs compétences, une calamiteuse soirée.
MARDI 28 MAI
TRIO DALI
Ils respirent la complicité, l'amitié, la sympathie. Ce sont de merveilleux musiciens. Ce sont des virtuoses accomplis mais jamais la musique ne se « perd dans les eaux glacées du calcul égoïste *»
Après un début un peu hésitant dans le Notturno OP148 D.897, qui me semble plus constituer un bis qu'un incipit. Ce fut un enchantement .
Dans Brahms et dans Fauré, ils surent emporter le public dans les méandres de partitions dédaignant tout effet facile.
Dans un trio le plus difficile à atteindre est l'équilibre et en ce domaine ils n'ont rien à envier au mythique Beaux Arts Trio.
Ce soir là, aussi le bis qu'ils n'avaient pas envie de proposer m'a semblé superflu.
Une soirée magique.
* C'est du Marx !

vendredi 31 mai
THOMAS DUNFORD .
Thomas Dunford est un enfant du baroque, ses deux parents sont des violistes réputés. Pas étonnant, si, après son choix du luth, ses professeurs furent les les meilleurs : Hopkinson Smith à Bâle , mais aussi Rolf Lislevand, Eugène Ferré et Paul O' Dette.
De ses maîtres il a obtenu une technique sans faille mais en outre, il a su installer sa propre respiration de la musique.
Sous ses airs d'un jeune homme timide (né en 1988) il sait faire preuve d'autorité , il en faut quand on joue d'un instrument ,un archiluth ce soir là, qui ne peut envouter par la puissance du son.
Il sut, en quelques mots présenter chaque pièce situer ce compositeur en son temps
Ce récital Dowland fut un subtil moment de musique.
Lundi 3 juin
FRANÇOIS SALQUE / VINCENT PEIRANI

Ils sont phénoménaux!
Les superlatifs vont manquer , le public subjugué leur fit un triomphe les acclamant longuement debout!
Je n'ai pas le souvenir d'une telle ovation dans la nef.
Pierre Boulez, plutôt avare de compliments a dit de F.Salque : «   "la sensibilité et la noblesse de son jeu" alliés à "un charisme et une virtuosité exceptionnelle »
Quant à Peirani, il lui faut bien ses 2mètres 06 pour ne pas être noyé, avec son accordéon sous les éloges et les prix qu'ils viennent du monde du jazz, du classique,de la musique de film.
Cette rencontre est fascinante même souci du timbre, de la mélodie, du rythme, jamais le moindre effet racoleur et pourtant ils vous emmènent d'Europe centrale en Amérique du Nord ou du Sud en passant par Paris,des musiques savantes aux musiques nomades.
Comme Pablo Cazals Salque a terminé sur le traditionnel catalan Cant dels aucels sublimement accompagné par Peirani
Paul Tortelier a trouvé sa réincarnation!
Nous avons tous envie de crier encore !

Mercredi 5 juin
MARC BENHAM PIANO JAZZ

Martial Solal a écrit de lui: « Véritablement nourri de toute l'histoire de la musique de jazz, Marc Benham possède à un très haut niveau toutes les qualités attendue d'un authentique musicien : technique, feeling, sens harmonique et invention mélodique. Il a su incorporer dans son langage, pétri de tradition , toutes les avancées des styles qui ont suivi. Un vraibeau pianiste tel que je les aime. »  Qui sommes-nous pour prétendre autre chose ?


C'est avec ce concert que s'acheva l'édition 2013 du festival. La métaphore est galvaudée , mais que dire, sinon que 2013 fut un cru exceptionnel, salué par un belle fréquentation du public.

Illustration : Victor Hugo Gavroche ; La ressemblance avec Pierre Fourchonneret violoniste du Trio Dali est frappante!



2 commentaires:

Anonyme a dit…


Si Monsieur Fouchenneret -que je ne connais pas- vous lisait, il serait sans doute malheureusement surpris de voir à quoi il ressemble, d'après votre regard, et comment son nom a été écorché.
Sans rancune cependant

Jacques Polvorinos a dit…

Je suis désolé pour l'"r" ajouté.
Quant au rapprochement avec le Gavroche il n'a rien de déshonorant, et je ne fus pas le seul à y penser.