jeudi 12 décembre 2013

ADDITIF ÉMISSION DU 6 DÉCEMBRE

Parfois, les musiciens que nous diffusons sur nos ondes nous écrivent sur les commentaires que nous avons "commis".
Si,modestie exige, nous ne diffusons pas les éloges, je me fais un devoir de porter à votre connaissance les critiques
Je remercie M.Sébastien Authemayou du temps qu'il a bien voulu nous consacrer.
L'espace "commentaire" n'accueillant qu'un nombre de signes limité, pour ne pas tronquer l'envoi de M.Sébastien Authemayou, nous avons ouvert ce peu usité additif. 




A l’attention de Jacques Polvorinos.
Cher Monsieur Polvorinos,
Après avoir écouté dans son intégralité votre émission « Marche Harmonique » diffusée vendredi 5 décembre dernier sur les ondes de Radio D4B, je me permets de vous adresser ce courrier électronique au regard de vos commentaires relatifs à l’album « Bach &; Piazzolla – Tête-à-tête » du Duo Intermezzo dont je suis le bandonéoniste.
Tout d’abord, je compte saluer ici l’initiative qui est la vôtre d’établir la mise en miroir d’interprétations d’œuvres d’esthétiques diverses. L’idée est louable mais la mise en pratique s’avère toutefois délicate et périlleuse. Il est en effet absolument nécessaire pour cela d’avoir des points de comparaisons et de développer un solide argumentaire musicologique (tempo, articulations, esprit général…).
En effet, ces études n’ont pas uniquement pour finalité de critiquer positivement ou négativement les interprétations et choix artistiques de musiciens ayant l’honneur ou pas d’avoir été choisis ! Elles devraient faire avancer le débat.
De tout temps, des querelles de chapelles sont apparues, notamment en ce qui concerne le répertoire baroque. De Fabio Biondi, Gustav Leonhardt, Sigiswald Kuijken, Viktoria Mullova, Jordi Savall, René Jacobs ou encore Philippe Herreweghe et tant d’autres : qui détient LA juste vérité de l’interprétation baroque ? Qui peut prétendre la détenir dans la mesure même où la plupart des écrits historiques sont très subjectifs et parfois très contradictoires !
Qui peut affirmer aujourd’hui que l’interprétation de Bach doit être unique, contrainte au respect de certains codes établis par déduction et hypothèses musicologiques sur des écrits honorables, très respectables et documentés d’Albert Schweitzer, Johann Nikolaus Forkel ou plus récemment Gilles Cantagrel, Alberto Basso ou encore Luc-André Marcel et bien d’autres ?
Ce petit rappel essentiel me permet désormais d’en venir aux faits et à la surprise qui a été la mienne à l’écoute de votre émission « Marche Harmonique », émission consacrée à la musique classique de « haut vol » selon les termes utilisés. Très certainement inspiré d’émissions diffusées sur les chaînes radiophoniques nationales à la gouaille tantôt courtoise et bienveillante, tantôt acerbe, maladroite et humiliante, le ton utilisé dans votre discours reprend ainsi ces principales caractéristiques avec un détachement quasi monacal.
Plus que de longs discours, je vous laisse relire quelques-uns de vos propos avant de vous faire part de quelques réflexions espérant, peut-être, pourvoir obtenir de votre part un questionnement sur l’art et la manière de prétendre animer une telle émission.
Je vous cite donc :
« Un enregistrement reçu miraculeusement dans ma boîte aux lettres [...] et bien, nous allons donc en écouter quelques extraits... »
« Bach résiste à tout, même aux traitements de Marielle Gars et Sébastien Authemayou, par contre Mullova c’est magnifique ».
« Il faut quand même réécouter une deuxième fois pour se faire une idée… ».
« Bach résiste presque à tout, mais là, c’est un peu trop »
« Vous ne venez pas d’entendre le guide-chant de l’école publique des années 1950 [...] mais bien le massacre de Sébastien Authemayou ».
En réponse directe à ce déchaînement si passionné, voici quelques pistes de réflexions, même si les lignes que je suis en train de vous écrire ne mérite sûrement ni le respect ni l’indulgence que je tente avec beaucoup d’efforts de laisser transparaître.
Pensez-vous que ces propos soient vraiment constructifs ?
Permettent-ils à l’auditeur de se faire une idée ?
Aviez-vous écouté cet album avant de le diffuser en direct ? Sinon, quel est l’intérêt de diffuser une interprétation misérable ne méritant même pas d’exister ??
Avez-vous pris connaissance de notre projet ? Vous auriez compris en effet que l’axe fondateur n’est pas de proposer LA version véritable des interprétations de Bach mais une mise en miroir avec l’œuvre du compositeur argentin Astor Piazzolla, très largement inspiré du Cantor de Leipzig dans le développement de son œuvre.
Au passage, je vous informe que vous avez diffusé la Sarabande de la Partita n°2 en do mineur BWV 826 de Bach et non BWV 1026 comme le précisent vos commentaires.
Je ne résiste pas non plus au plaisir de vous poser cette question : cher Monsieur Polvorinos, regrettez-vous l’époque du guide-chant de l’école publique des années 1950 ? D’où vient tant de nostalgie ?
Enfin, après tant de commentaires construits, étayés, réfléchis, j’en viens donc à me poser la question de l’intérêt d’un comparatif uniquement basé sur des goûts personnels.
Dans un premier temps, soyez rassuré sur le fait que je ne compte pas imposer à tout le monde d’aimer mon travail. Comme pour beaucoup de choses dans la vie, nous sommes tous amenés à dire « j’aime » ou « je n’aime pas », ce qui ne porte pas de jugement de valeur et ne contribue pas à transmettre, de surcroît en utilisant un média radiophonique, un étalage de subjectivités personnelles.
Là encore, je vous propose une petite piste de réflexion.
Monsieur Polvorinos, aimez-vous les choux de Bruxelles ? Le foie gras ? Les huîtres ? Les crêpes bretonnes ou encore la Potée Auvergnate ?? Oui ? Non ?
La question n’est en fait pas vraiment là.
Devez-vous dire à un enfant n’ayant jamais goûté ce légume, ces mets : « n’en mange pas, c’est infecte » ou plutôt lui laisser déguster et découvrir par lui-même afin qu’il développe son propre jugement et ses propres sensibilités ne passant pas toute sa vie à côté de quelque chose qu’il pourrait apprécier et qui pourrait peut-être, contribuer à son bonheur et plus largement à son épanouissement personnel ?
Je vous laisse donc méditer en espérant que vous soyez à même de faire la synthèse et le rapprochement entre cet exemple culinaire et gustatif et nos problématiques musicales et artistiques qui ne sont jamais véritablement bien éloignées.
En conclusion, être mélomane, aimer la musique en tant qu’ancien Directeur de Maison de Retraite est fort honorable et respectable. En revanche, donner son avis sur un ton monocorde, sans analyse, recul ni fondements solides, conduit nous le voyons ici, à des chroniques où la méchanceté gratuite est de mise, ne permettant pas à l’auditeur de faire ses choix.
Continuez votre mission de diffusion de la musique, mais de grâce, prenez le temps de réfléchir aux questionnements ci-dessus, pas forcément me concernant à titre personnel car je suis déjà passé dans votre moulinette, mais pour les autres, pour le respect du travail et de l’exigence dont les artistes font preuve tous les jours, dans leur quotidien.
Enfin, vous trouverez ci-dessous quelques chroniques de journalistes « spécialisés » à propos de notre duo : France Musique, Radio Canada, Radio Classique, France Inter et bien d’autres...
Vous souhaitant bonne réception de ce courrier, et espérant avoir pu vous convaincre,
Cordialement,
Sébastien Authemayou
(Le massacreur de Bach)
Un enregistrement œcuménique réunissant dans un syncrétisme passionnant deux musiciens, deux instruments, deux compositeurs, deux cultures, classique et populaire. Au-delà de toute considération savante faisant état des convergences existantes entre les deux compositeurs, c’est d’un véritable plaisir d’écoute qu’il s’agit ! Un disque qui réunit le corps et l’esprit, le dionysiaque et l’apollinien, le café Zimmerman et les bas fond de Buenos aires, la Suite de danse et le Tango, dans un discours enflammé et véhément d’une étonnante richesse. Un disque qui fait pleurer et danser tout à la fois ! A écouter absolument !
Musicologie
Un album absolument magnifique
Radio Canada
Tous deux sont lauréats de nombreux concours et de prix de Conservatoires. Ils nous ont régalés pendant près de deux heures des meilleures oeuvres d'Astor Piazzolla et de Jean-Sébastein Bach, établissant un parallèle et un superbe dialogue entre ces deux compositeurs dans une interprétation éblouissante. Un couple à suivre...
La Salida
Le Duo Intermezzo réalise une prestation exceptionnelle.
La Montagne
On rend enfin justice à Astor Piazzolla.
Magazine On Mag
Subjugués par les interprétations libres du joueur de bandonéon.
La Provence
Efficacité imparable et fort parfum d'authenticité.
Concertonet
Un bain d'émotions...
France Musique  

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Monsieur Polvorinos aime choux de bruxelles et même d'ailleurs, foie gras, huîtres, potées auvergnates ou non, crêpes bretonnes et autres le cochon dans toutes ses parties, les animaux de basse-cour, les lapins en chocolat ; la comparaison était malheureuse !

Jacques Polvorinos a dit…

Vous semblez bien me connaître!

Anonyme a dit…

Et pan dans les dents ! Oups ! Attention ...
Une autre personne qui semble bien vous connaître ...

Anonyme a dit…

et il aime aussi les asperges,la Vieille Prune de Souillac,
le boeuf bourguignon - sa spécialité-
et bien sûr les belles dames !!!!