CARNET D'UN MÉLOMANE EXTRAITS
Mercredi 5 août 2015 /Celles sur
Belle
Pour la deuxième année
consécutive, ArtenetrA s'honorait d'accueillir le prodigieux
pianiste Vadym Kholodenko. Il semblerait, hélas, que le
public n'ait pas mesuré la chance qui lui était
offerte d'approcher cet artiste dont le talent éclaboussera la
planète, mais, même pour Radu Lupu, lauréat,
comme lui, du prix Van Cliburn, il a fallu quelques saisons après
l'obtention de cette prestigieuse récompense..
Quand on écoute Vadym Kholodenko
il vous évoque forcément les plus grands, pour ceux qui
douteraient, un petit jeu cruel: je les renvoie sur you tube à
son enregistrement de la transcription par Siloti du prélude
en si mineur de Bach. Écoutez, puis par exemple allez sur
ce que dans la même œuvre nous propose la nouvelle coqueluche
du piano français Alexandre Tharaud...
Il ne s'agit pas d'un mauvais pirate
mais de la proposition de sa maison de disque..
J'en ris encore...
À la sortie d'un concert donné
par Richter dans la grande salle du Conservatoire de Moscou, le 9
juin 1960, Neuhaus,qui fut son professeur déclara à
un journaliste: « Très difficile de dire
quoique ce soit après un concert de Richter . Mais c'est une
fatigue épatante. Le pianiste vous oblige à sentir, à
éprouver,à penser. L'auditoire crée en même
temps que lui.[...] Une capacité rarissime à saisir
l'ensemble et à restituer le moindre détail, tout à
la fois. C'est l'esprit étincelant et la profondeur, la pudeur
et la perfection absolues. »
À l'évidence ces mots
destinés à Richter et publiés dans le N°1 de
l'excellente, et, hélas éphémère, revue
Symphonia,* dirigée pas Jacques Drillon s'appliquent à
Vadym Kholodenko.
Il fit surgir de l'inouï au sens
propre du terme dans toutes les œuvres inscrites programme:
Une chaconne de Haendel qui ne
perdit rien de sa vigueur originelle de musique improvisée
Enchainés le rondo en ré
majeur K 485 et K511 la mineur de Mozart, lumineux et
juvénile dans le premier au bord de la confidence romantique
dans le second sans jamais sombrer dans le pathos.
La sonate N°10 Op.14 N°2
couronnait la première partie. Il sut y faire sourdre le
flux iconoclaste caché derrière le classicisme.
La deuxième partie était
essentiellement consacrée à Debussy Children's
corner et le Cahier N°2 des Images, son incroyable
toucher sut concilier mystère et pleine lumière, le cœur
de l'inexprimable chez Debussy, selon Jankélévitch.
Slavitude oblige, on termina par un
époustouflant et hypnotique Islamey de Balakirev et en
bis, 2 études tableaux de Rachmaninov .
* un des avantages du web, les 19
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